Le territoire national appartient-il à l’État ou aux communautés ethniques?

Quelle solution politique et économique faut-il adopter en Afrique pour résoudre ce problème régulièrement ressassé : une Afrique riche en ressources naturelles dont les terres seraient, selon certains, pillées par les multinationales étrangères avec la complicité des États et dont les populations sont, de ce fait, maintenues dans la pauvreté de masse, dans la précarité de l’existence et dans la dépendance depuis la colonisation ?

Située sur l’axe du temps, cette problématique ne peut être résolue qu’à travers un choix entre deux alternatives inconciliables : la voie nationaliste de la défense identitaire, autrement dit l’orientation vers le passé, ou la voie progressiste de l’orientation vers l’avenir, de l’acceptation des transformations socio-économiques et de la gestion politique du changement social. Il n’existe pas de troisième voie. Il est en effet impossible de concilier le passé et l’avenir, l’identité et le changement.

A supposer que l’accusation de désappropriation des populations par les multinationales avec la complicité des Etats soit fondée, faudrait-il, pour résoudre ce problème, désapproprier territorialement les Etats, remettre toutes les terres du territoire national aux populations et les laisser négocier directement avec les multinationales pour que les droits coutumiers locaaux régentent le partage des bénéfices financiers tirés de l’exploitation économique des terres? Faut-il rejeter l’économie de marché et le libre-échange en Afrique, revenir aux économies de subsistance des sociétés lignagères précoloniales, installer en Afrique des Etats communautaires nationalistes et protectionnistes ?

 Ne faut-il pas, au contraire, pour échanger à égalité avec les multinationales dans un monde aux économies désormais imbriquées, raffermir la modernisation et la démocratisation de nos sociétés ? Ne faut-il pas consolider leur démocratisation pour renforcer la représentativité sociale des partis qui permet de transformer l’État en agent de développement et en défenseur des intérêts de la société? Ne faut-il pas transformer, au moyen du renforcement de la démocratie, les communautés du territoire de l’Etat en une nation solidaire de citoyens  qui se sentent responsables les uns des autres et de leur Etat et qui le soutiennent, avec la conscience de leurs intérêts souverains, dans les échanges nécessaires avec les multinationales ? Ne faut-il pas moderniser nos sociétés en construisant les infrastructures et les équipements publics qui les décloisonnent, facilitent la mobilité géographique des populations et les échanges ? Ne faut-il pas raffermir la modernisation de nos sociétés en promouvant par une éducation performante, la maitrise des sciences et des techniques qui permet d’accroître les capacités d’action historiques de nos populations et de faciliter la mobilité professionnelle et sociale des individus ?

Faut-il revenir au passé, reconstruire le présent selon  des traditions du passé  pour conserver le statu quo ante, économique, social et politique  précolonial ? Ou faut-il au contraire aller de l’avant, progresser vers l’avenir, démocratiser nos États, moderniser en profondeur nos économies et nos sociétés, promouvoir l’esprit d’inventivité de leurs peuples, produire et créer des richesses afin de nous engager dans les échanges internationaux  au bénéfice de nos besoins et de nos intérêts ?

Le bon sens et la raison ne recommanderaient-ils pas de choisir la seconde solution ?

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