Côte d’Ivoire: le parti unifié RHDP n’est pas remis en question.

Le RHDP Parti unifié n’est pas remis en question parce que ce bloc libéral, version ivoirienne du front républicain qui protège les démocraties contre le péril nationaliste et populiste, est à la fois, un impératif politique et un impératif économique en Côte d’Ivoire. Déchiré entre son aile démocratique et son aile nationaliste et populiste, comme l’atteste la déclaration surprenante d’un Henri Konan Bédié manifestement sous pression, le PDCI doit se déterminer comme partie prenante à part entière du RHDP, Parti unifié. Le propos du chef du PDCI ne remet pas en question la légitimité de cette formule politique en Côte d’Ivoire.

Depuis les expériences totalitaires du XXème siècle, le modèle du bloc libéral,  une variante du front républicain, a été éprouvé dans les démocraties pluralistes  comme étant l’un des dispositifs politiques les plus efficients, permettant de préserver la République contre le péril nationaliste. La nécessité politique du RHDP, Parti unifié, reste donc d’actualité en Côte d’Ivoire.

Certes, nous sommes dans une civilisation de l’oralité. Néanmoins, d’un point de vue juridique,  une déclaration verbale  ne saurait abroger la signature des responsables politiques dans les décisions qui engagent le destin des peuples. Les démocrates du PDCI et les signataires de l’accord  se doivent donc de garder le cap du RHDP Parti unifié. Ils sont les dépositaires légitimes de l'houphouëtisme.

L’houphouëtisme n’est pas un nationalisme identitaire opposant l’ethnicité et la rationalité économique moderne. C’est un nationalisme libéral, constitué par l'alliance substantielle des identités ethniques et de la rationalité économique moderne.  Cette alliance est la racine de la paix sociale, de la stabilité politique et du progrès économique du pays. Il importe d'en assurer la pérennité au moyen d’un bloc démocratique et républicain d’esprit libéral. Par ce dispositif politique,  la Côte d’Ivoire entend faire face à la montée des nationalismes et des populismes qui s’engouffrent dans la dynamique de séparation des identités ethniques et de la rationalité instrumentale moderne, entraînée par la mondialisation.

Cette formule répond, pour cela,  à un impératif  national car la configuration spécifique de son échiquier politique (cf. Le RHDP Parti unifié face à l’imposture démocratique en Côte d’Ivoire. Cedea.net. 19 avril 2018) montre que la Côte d’Ivoire est confrontée à ce péril bien connu dans les démocraties pluralistes : l’instrumentalisation des procédures démocratiques contre la démocratie par des forces antidémocratiques qui avancent masquées sous la rhétorique démocratique. Les mots d’ordre et les éléments  de langage  du sit-in des jeunes militants, destinés à récuser le Parti unifié  portèrent  symboliquement sur la thématique de l’héritage coutumier et ancestral à sauvegarder. L’unification fut considérée comme spoliation, et atteinte portée  à l’intégrité de cet héritage par des tiers ! 

La réponse institutionnelle des démocraties au  danger nationaliste et populiste est de construire un cordon sanitaire de coalition libérale et républicaine. La coalition RHDP fut, en 2010, l’expression ivoirienne de cette tradition. La transformation de cette coalition en un parti d’obédience libérale unifié dans les valeurs et le programme de la démocratie républicaine, qu’exprime l’houphouëtisme en Côte d’Ivoire, est censée permettre de garantir, sur la longue durée, l’alliance des identités ethniques et de la rationalité économique moderne. Ebranlé de l’intérieur, par  des tensions provoquées en son sein par un kyste  nationaliste qui menace son intégrité idéologique et sa survie, le PDCI est politiquement obligé de s’engager résolument dans l’unification programmatique du RHDP.  

La formule politique du bloc libéral d’obédience houphouëtiste s’impose alors, comme choix pragmatique et comme solution rationnelle, face au danger antilibéral. Elle est recommandée par la raison politique en Côte d’Ivoire si tant est que la politique peut se définir en Afrique comme  l’art de gérer les affaires de la Cité, de telle sorte  que le bien être des peuples soit préservé et leur  bonheur garanti.

 

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