Calculs cyniques et raisonnements simplistes chez les abstentionnistes en France.

Dans le front commun abstentionniste unissant certains fillonnistes, mélenchonnistes et hamonistes, une véritable armée mexicaine hétéroclite, un raisonnement simpliste singulier ouvre la porte au risque absolu: l'éventualité de la victoire d'une dictature raciste et xénophobe en France. Vouloir priver Emmanuel Macron de légitimité en stabilisant, par l’abstention, sa victoire au mieux à 60% des voix, victoire qui n’est nullement acquise face à Marine Le Pen, est un pari insensé, une construction idéologique arbitraire qui ignore les faits et la réalité Constitutionnelle de la France. A la différence des États-Unis, où des contre-pouvoirs constitutionnels permettent de bloquer les délires du populiste et de l'apprenti autocrate Donald Trump, la Constitution française, notamment  en son article, 16 permet au Président de la République de concentrer entre ses mains les pleins pouvoirs dans certaines situations exceptionnelles.

On imagine alors facilement ce que pourrait devenir la France, actuellement sous la menace terroriste, avec une Marine Le Pen disposant du pouvoir d’Etat  sous l’œil complice d’une extrême-gauche populiste révolutionnaire attendant de recueillir à son profit les bénéfices politiques du chaos dans son projet idéologique de lutte contre la « finance ». Avec Marine Le Pen et son Front National au pouvoir, la France vivrait sous la férule d’une dictature raciste et xénophobe susceptible d’enfermer les libertés, de mettre des entraves à la liberté de l’information,  d’instituer un contrôle policier de la société et un état d’urgence permanent, de réprimer avec la brutalité maximum requise la contestation sociale. Est éclairant sur ce chapitre, le précédent ivoirien illustrant à la fois cette dérive dictatoriale possible, favorisée par la Constitution de la Vème République, et cette complicité objective implicite entre le populisme révolutionnaire antilibéral d’extrême gauche et le national-populisme identitaire d’extrême droite.

 En Côte d’Ivoire, une constitution inspirée par le présidentialisme français de la Vème République avait permis au  national-populiste, antilibéral et extrémiste de gauche  Laurent Gbagbo, de concentrer en ses mains les pleins  pouvoirs à l’occasion d’une rébellion militaire provoquée par sa politique nationaliste d’exclusion et d’homogénéisation identitaire de la société. Elle lui permit  d’instituer une sanglante dictature dans le pays. Cette dictature nationaliste du Front Populaire Ivoirien fut emblématiquement soutenue par le Front National Français et par certains  courants révolutionnaires extrémistes de la gauche populiste française. La promesse avortée d’un Jean-Luc Mélenchon de mettre, en cas de victoire, la puissance diplomatique française au profit de la libération de Laurent Gbagbo est une attestation de cette complicité nationale et internationale programmatique de fond  entre populistes en dépit de leurs divergences. En Côte d’Ivoire, des figures du populisme révolutionnaire de gauche français n’hésitèrent pas  à côtoyer  les figures du Front National français au palais présidentiel d’Abidjan au sein d’une complicité objective dans leur combat commun contre la mondialisation, le libéralisme économique,  le pluralisme, le cosmopolitisme et finalement contre la démocratie.

Pour revenir au cas français actuel, outre les ralliements de pans entiers de leurs troupes au Front National, l’abstentionnisme, prôné contre Emmanuel Macron par les populistes au 2ème tour de la présidentielle, est la figure de l’axe implicite ou explicite des populismes, qu’ils fussent « progressistes »,  identitaires ou réactionnaires. L’histoire démontre que cet axe agit toujours contre la démocratie et la liberté sous des camouflages divers : la défense de la souveraineté du peuple, de l’identité nationale, la résistance nationale à l’oppression étrangère, au néo-colonialisme, à l’ultra-libéralisme, au pouvoir de la finance et des multinationales capitalistes.

L’argument avancé pour justifier l’abstention, argument selon lequel elle permettrait d’affaiblir la victoire d’Emmanuel Macron pour lui imposer des mesures sociales, ne résiste pas l’examen. On se demande bien comment cette armée mexicaine unissant, en un front commun abstentionniste, des fillonnistes, des mélenchonnistes et des hamonistes  aux intentions et aux projets aussi éloignés et aussi divergents les uns des autres, pourra s'entendre pour imposer une politique sociale à Emmanuel Macron.

Tel est le visage insouciant et irresponsable de la démagogie abstentionniste qui calcule face au danger de la dictature racialiste et xénophobe incarnée en France par le Front National de Marine Le Pen. En ces jours précédents le 2ème tour de l’élection présidentielle française, les deux protagonistes qui s’affrontent face à Marine Le Pen et à son projet sociétal racialiste et xénophobe sont, d’une part, la conviction républicaine et démocratique, et la conviction révolutionnaire et nationaliste réactionnaire, d’autre part. Cet affrontement entre la conviction républicaine transpartisane qui peine à se faire entendre et la conviction nationaliste et révolutionnaire qui calcule dangereusement pour délégitimer la victoire hypothétique d’Emmanuel Macron par l’abstention, est le symbole du mal politique français : L’affaiblissement de l'éthique et du courage moral et politique républicain,  la quasi hégémonie du cynisme politique partisan et de l’ambition personnelle égocentrée qui font fi de l’intérêt général.

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