La politique à la manière de Barack Obama, ou le service des valeurs de la démocratie.

thumb_1681 « Barack Obama en campagne pour Hillary Clinton » titrait RTL le 14-09-2016. Barack « Obama met son bilan et sa popularité au service d’Hillary Clinton en difficulté dans les sondages ». annonçait le Monde du 15.09.2016. « Malgré l’insulte, Obama a finalement rencontré le président philippin Duterte » corrigeait 20 Minutes le 08.09.2016. Tels sont les divers comptes-rendus des journaux relatant les récentes péripéties de la politique intérieure et étrangère du Président américain. Ces titres révèlent les traits saillants de la gouvernance d’un démocrate aux Etats-Unis. Dans le sillage de l'Homme de Qunu, Nelson Mandela, Barack Obama donne à voir à l’Afrique Noire frappée par la  maladie  de la personnalisation du pouvoir, de la compétition des egos, des querelles de personne et de succession, un modèle de politique partisane et nationale à imiter.

thumb_1681_bLa première leçon qu’il importe de retirer de la politique d’Obama concerne l’essence de la politique partisane en démocratie. Le président des Etats-Unis  nous montre que la politique partisane démocratique n’est pas une compétition de personnes et un service des egos. Faire de la politique dans un parti en démocratie, c’est y mutualiser les énergies pour représenter efficacement les intérêts, les valeurs et les idéaux de l’électorat du parti. Obama bat campagne pour Hillary Clinton afin d’assurer la victoire électorale des idéaux du parti démocrate et des intérêts de son électorat. En battant campagne pour Hillary Clinton malade, Barack Obama n’envoie pas aux électeurs démocrates un appel du pied pour leur signifier qu’il est encore bon pour le service. Barack Obama  ne cherche pas à rempiler pour un troisième mandat afin de sauver la mise au parti Démocrate si d'aventure la maladie de Mme Clinton s’aggravait la rendant incapable de représenter son camp à la prochaine présidentielle. La grandeur politique et morale de Barack Obama le rend inaccessible à ce type de petitesse et d'avidité. Et si, par extraordinaire, son parti se tournait vers lui pour lui de demander de rempiler, ce n'est pas seulement la Constitution qui l'en empêcherait. C'est aussi son sens de la pudeur, le frein ultime qui empêche chez un être humain le débordement de l'hubris. Ce que montre Obama, est que la grandeur politique et morale, la pudeur, les qualités personnelles sont, au-delà du filet de sécurité du Droit et des Institutions, les conditions ultimes de possibilité d’une politique partisane et d’une gouvernance démocratique. Elles sont les conditions du service des  valeurs de la démocratie.

Lorsque Barack Obama met son bilan et sa popularité au service d’Hillary Clinton en difficulté dans les sondages, il ne le fait pas pour célébrer égoïstement son bilan personnel  sur le dos de la candidate officielle du parti démocrate. La solidarité partisane est un principe au sens où, dans un parti politique, les énergies doivent se mutualiser pour défendre les valeurs qui permettent de construire le bien-être de la Nation. Le soutien apporté à Hillary Clinton par l’Homme politique Obama qui oublie, comme il se doit, sa propre personne au profit des intérêts supérieurs de la Nation étatsunienne, vise à assurer la pérennité des idéaux de la démocratie menacés par la dérive populiste et racialiste de Donald Trump.

Faire de la politique en démocratie, ce n’est pas servir un ego. C’est servir les idéaux de la Nation et les intérêts des électeurs. Faire de la politique en démocratie, c'est servir la Nation et la société, autrement dit des valeurs qui dépassent infiniment les egos personnels. Ce service est la valeur suprême qui donne sa raison d'être à l’État et à la profession de politicien. Faire de la politique, c'est travailler à léguer à la postérité les valeurs et les actions exemplaires qui servent à édifier le corps politique et à assurer sa pérennité. Telle est la seconde leçon que délivre Obama passant par perte et profit les insultes proférées contre sa personne intime par le président philippin afin  d’assurer les intérêts géopolitiques des Etats-Unis face à la Chine en Asie du Sud-est.

Comme Nelson Mandela, l’exemple Obama nous enseigne que la bonne politique est un service de valeurs et d’idéaux émancipateurs transformés en conviction. Il est donné de penser que l'exemple Nelson Mandela n'a pas réussi à faire souche en Afrique jusqu’à nos jours parce que nous avons  été incapables de percevoir et  de nous approprier comme héritage, les valeurs qu'il  a incarnées et qu'il  léguées à la postérité. Certains idolâtrent et adorent, comme un fétiche, la personne physique Mandela. Or au-delà de la personne physique, il faut célébrer et transformer en conviction subjective de notre agir quotidien, les valeurs   incarnées par Nelson Madela durant sa vie. Il faut  imiter sa manière de faire de la politique. Il est temps de s'y mettre. Le XXIème siècle ne sera africain que si la politique africaine se convertit au service de la Société, de la Nation, des valeurs de Fraternité, d’Egalité et de Liberté individuelle et collective.

Les commentaires sont fermés