Archives pour: janvier 2018

Côte d’Ivoire : unifier le PDCI et le RDR, est-ce liquider le PDCI-RDA et Houphouët-Boigny ?

Vouloir unifier le PDCI et le RDR, est-ce vouloir liquider le PDCI-RDA et Félix-Houphouët-Boigny ou est-ce, au contraire, vouloir assurer institutionnellement la pérennité de son esprit et de son projet sociétal?  Peut-on identifier la volonté d’unifier le PDCI et le RDR à une volonté de liquider le PDCI-RDA  et in fine, de liquider Houphouët-Boigny, comme le suggère son biographe Frédéric Grah Mel, dans un interview à Jeune Afrique (cf : édition numérique du 29-01-2018) ? Porté par ce syllogisme effrayant, ce procès d’intention est-il politiquement fondé en raison ?  

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L’émergence : expression du mouvement de la substance libérée en concept.

Pr Augustin Kouadio Dibi

Professeur Titulaire de Philosophie

Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire)

Actes du Colloque International « Emergence et Reconnaissance »

Bouaké. Août 2017.

Le terme « émergence » reçoit dans l’actualité de notre monde un usage tel que sa compréhension est présupposée évidente. Elle semble aller naturellement de soi. Nous tenons sa signification pour quelque chose de ferme, d’assuré, de bien connu. Hegel souligne que « ce qui est bien connu en général, justement parce qu’il est bien connu, n’est pas du tout connu » ! Il importe de quitter l’habituel, afin d’habiter de manière essentielle la réalité que recouvre ce terme.

Emerger dit un acte : celui de faire irruption, de surgir, de s’éveiller à un autre niveau proprement accomplissant. A travers ce terme, nous avons l’idée d’un jaillissement subtil et discret de l’intérieur vers l’extérieur, d’un paraître hors de soi, à la suite d’une patiente maturation. C’est l’acte de s’épanouir à l’extérieur à partir d’une intense intériorisation de soi. Emerge ce qui est parvenu à un état tel qu’il lui faut désormais passer à un autre plan, en laissant sa vérité intérieure se dire, se manifester. C’est par ce mouvement que quelque chose vient à l’existence.

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Côte d’Ivoire. Le projet de coalition PDCI-FPI : quiconque oublie son passé est condamné à le revivre.

Rendant compte de la rencontre Affi-Bédié, l’édition numérique du journal panafricain Jeune Afrique souligne, en son édition d’hier, que « le FPI ne cache pas son ambition de voir le PDCI prendre la tête d’une coalition anti-Ouattara, à deux ans de la présidentielle 2020 ». Selon Konaté Navigué, président de la Jeunesse du FPI, « la Côte d’Ivoire se porte mal. Il faut que le PDCI sauve la Côte d’Ivoire », ajoute le journal.

Ainsi, ayant échoué  dans sa tentative de réforme social-démocrate du parti, et semblant s’être repositionné sur une ligne confessionnelle  dans la lutte pour la conquête du pouvoir d’Etat en 2020, le FPI tendance Affi N’Guessan escompte enrôler le PDCI comme tête de pont dans un front de salut national anti-Ouattara.

Ces thématiques situent le FPI de Affi N’Guessan aux extrêmes des obédiences idéologiques entre lesquelles se partagent les partis dans les Etats modernes.  Le projet de coalition qui ambitionne d’enrôler  le PDCI dans une tentative de reconquête du pouvoir en 2020 est la nouvelle mouture d’une coalition identitaire et populiste. Elle n’est qu’une nouvelle version de la coalition de l’opposition (CNC) de 2015.  Elle demeure fidèle à sa ligne antidémocratique : celle de la lutte de libération nationale contre un ennemi de la Côte d’Ivoire. Elle mobilise, à cette fin, sa stratégie habituelle qui repose sur trois volets : le populisme, le nationalisme identitaire et le confessionnalisme.

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Côte d’Ivoire: se coaliser ou périr, l’alternative existentielle du PDCI et du RDR.

Se coaliser et s'unifier ou périr, telle est l’alternative existentielle qui s’impose au PDCI et au RDR après leur séparation. Cette alternative, qui met en jeu leur avenir politique, les appelle à se ressourcer dans leur mémoire commune car la crise qui provoqua, à l’origine, la scission du PDCI-RDA, fut une crise de sa mémoire idéologique. Cette crise mémorielle, qui a nourri une tension centrifuge au sein de la coalition, oblige à réinvestir les fondamentaux idéologiques du PDCI-RDA historique légués par le Père de la Nation Ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny.

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Côte d’Ivoire : les infrastructures économiques au service des droits humains.

En Côte d’Ivoire, certains acteurs politiques dévalorisent la politique de développement des infrastructures menée par l’actuel gouvernement.  Se revendiquant du libéralisme conservateur ou du socialisme, ils dénigrent, et même rejettent, une politique économique qui ferait de la reconstruction des infrastructures et de l’investissement l’axe majeur de la gouvernance. Ils accusent le gouvernement ivoirien d’être indifférent à une demande sociale centrale et vitale des ivoiriens: la réconciliation nationale. La politique d’investissement et de reconstruction tout azimut des infrastructures mise en œuvre par le gouvernement  serait une diversion destinée à dissimuler  le viol quotidien des droits des populations ivoiriennes. Prétendant dénoncer ce qui leur paraît être une vulgaire manœuvre  de camouflage politique,  l’un d’entre eux a pour cela récemment proclamé que les Ivoiriens ne se laissent nullement impressionner par les infrastructures. La redondance régulière de ce discours, qui est décliné sous tous les modes dans le but d’en faire une vérité politique,  nous oblige à poser cette question : les infrastructures économiques sont-elles incompatibles avec le respect des droits de l'homme?

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CEI : quelle est la cause de la crise d’impartialité des Commissions Électorales Indépendantes (CEI) en Afrique et quelle en est la solution ?

A l’approche des élections locales et bientôt de l’élection présidentielle ivoirienne, la question de l’impartialité de la Commission Électorale Indépendante (CEI), revient de manière récurrente. L’opposition ivoirienne et certains journalistes dénoncent le déséquilibre quantitatif de sa composition qui avantagerait l’exécutif ivoirien. Ils en appellent donc à sa recomposition et la révocation de son Président. Suffit-il, pour autant, de respecter les  principes d’équilibre numérique et de mandat impératif pour garantir l’Indépendance et l’impartialité des CEI en Afrique ?

L’histoire des élections présidentielles africaines prouve que cet équilibre et cette limitation impérative du mandat ne suffisent pas à empêcher les tentatives de capture du vote et de détournement de la volonté  générale par des intérêts partisans et factionnels.  

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La similitude des problématiques de la coalition ivoirienne RHDP et de la coalition allemande CDU-SPD.

En Allemagne, un compromis de circonstance est en passe d’être conclu entre conservateurs et sociaux-démocrates allemands, entre deux partis de centre-droit et un parti de centre-gauche pour conjurer un danger commun : l’avancée politique de l’extrême droite identitaire adepte du nazisme. Un compromis est donc en passe d’être conclu au nom de l’intérêt général qui transcende les intérêts particuliers partisans afin de sauvegarder l’unité et la pérennité de la Nation. Le journal Le Monde note, à propos de ce compromis, que « s’il constitue l’ébauche d’un programme de gouvernement pour les quatre ans à venir, il s’agit avant tout d’un compromis de circonstance qui vise à éviter ce que les dirigeants des trois partis, à l’instar d’une majorité d’Allemands, redoutent au plus haut point : la tenue de nouvelles élections, quelques mois seulement après celles du 24septembre, qui ont vu l’extrême droite entrer au Bundestag pour la première fois depuis la seconde guère mondiale ». Pour rendre possible un tel compromis, chacun des deux camps a dû reculer sur certains points relativement aux visions sociopolitiques et économiques opposant la droite libérale et la gauche socialiste « tout en veillant à imposer sa propre marque ici et là ».

 A supposer que les dirigeants politiques et les ivoiriens aient tiré pleinement toutes les leçons de l’amère expérience de l’exercice du pouvoir d’Etat par l’extrémisme de droite et de gauche rassemblé sous le nationalisme identitaire et le populisme révolutionnaire , la menace de son retour politique impose, au PDCI au RDR et aux divers partis de la coalition RHDP, un compromis de circonstance dans le projet de parti unifié. En Côte d’Ivoire, ce compromis de circonstance devrait être facilité parce qu’il réunit des partis libéraux du centre droit à la différence de la grande coalition allemande qui réunit deux partis de centre-droit et un parti de centre-gauche.

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Côte d’Ivoire : quelle est la raison profonde de l’étrange approbation des injures racistes de Donald Trump par certains entrepreneurs politiques ivoiriens ?

Alors que des parlementaires américains, outrés par les scandaleux propos racistes du Président tenus à la Maison Blanche s’en sont offusqués et les ont diffusés, escomptant une indignation mondiale, certains de nos compatriotes ivoiriens les approuvent.  Comme semblent le montrer leurs réactions sur les réseaux sociaux, ils trouvent normal que le  président Américain Donald Trump traite les pays africains de « pays de merde » et qu’il préfère accueillir des Norvégiens aux Etats-Unis. Cette étrange approbation obéit à des motivations inavouables et cachées qui s’enracinent dans une vision politique elle-même corrompue et liberticide, qu’il faut dénoncer sans ambigüité et combattre.

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L’Etat ivoirien, bâtisseur et défenseur de l’intégration nationale sous la III ème République.

En 2010, la victoire de l’alliance politique entre le PDCI et RDR, au deuxième tour de la Présidentielle, a inauguré une transformation de l’État et de son rapport à la société en Côte d’Ivoire. Un État démocratique bâtisseur, patriotique et défenseur d'une intégration nationale citoyenne a remplacé un État communautaire, nationalitaire, défenseur d’une identité ethnique essentialisée. Il s’en est suivi une innovation substantielle de la gouvernance ivoirienne qui a été saluée au suffrage universel par la majorité des Ivoiriens à la Présidentielle de 2015. L’alliance entre la modernisation économique et les cultures est maintenant restaurée en Côte d’Ivoire. (cf « Le Président Alassane Ouattara sert-il l’intérêt général en Côte d’Ivoire ? » cedea.net. 14-Août-2015). Soucieuse de subordonner le pouvoir politique aux demandes, aux besoins et aux intérêts de la société, de limiter effectivement l’État par les droits de l’homme, cette innovation a été consacrée par l’adoption de la nouvelle Constitution en 2016, année de l’avènement de la IIIème République.

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Réclamer une loi contre les fausses informations en période électorale, est politiquement fondée en raison.

Mon propos, en commentaire, de l'article du journal LeMonde intitulé " Macron souhaite une loi contre les fausses informations en période électorale", a suscité la défiance d’un certain nombre d’internautes. En commentaire de cet article, j’avais formulé cette interrogation : «  et si l’on s’en inspirait dans notre pays (la Côte d’Ivoire) pour y protéger la Démocratie et la République en période électorale ? ». Confondant la liberté de parole avec ce qu'elle n'est pas, certaines personnes ont cru bon d'y aller de leurs clics rageurs. A ces censeurs (oh ironie du sort) qui se croient à tort protecteurs de la liberté d'expression, a manifestement échappé l'expression " en période électorale", une condition restrictive qui montre bien que la loi projetée est destinée à préserver la déclaration de la volonté générale contre toute forme de manipulation. Cette confusion de la liberté de parole, d’expression et d’opinion avec la liberté de dénigrer, d’insulter et de désinformer est une dérive préjudiciable à la démocratie. Il importe de dénoncer cette méprise et de justifier rationnellement et argumentativement cette dénonciation afin de sauvegarder la critique et la surveillance des pouvoirs qui protègent et soutiennent la démocratie contre le populisme sa forme pathologique. Je montrerai à cet effet, dans une contribution à venir dans cedea.net et en m’inspirant de la métaphysique de la notion de liberté, ce qu’elle est en tant qu’expression du libre-arbitre (arbitrium liberum) et en quoi elle se distingue en tant que telle de l’arbitre brute (arbitrium brutum). Quand cette forme dévoyée du libre-arbitre s’importe  dans les Etats de droit, elle menace le Droit, la Liberté et la Dignité humaine. Elle menace d’euthanasier la démocratie, en assurant le triomphe du populisme.

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Côte d’Ivoire : et si l’intelligentsia universitaire ivoirienne avait hier interpellé Laurent Gbagbo comme elle interpelle Alassane Ouattara aujourd’hui ?

En lisant dans les journaux le discours de sagesse et d’interpellation prononcé  par l’éminent Professeur de Droit Francis Wodié (cf « Condamnation de Hubert Oulaye,Wodié interpelle Ouattara : Attention, qui sème la condamnation récolte la damnation »,) j’ai éprouvé un sentiment de mélancolie et de tristesse. Je me suis alors posé cette question. Pourquoi ce sursaut moral de l’intelligentsia universitaire n’eût-il pas lieu plus tôt, dès la brutalisation de la vie politique sous le régime de Laurent Gbagbo ? Quand l’anomie menace d’envahir la cité et  de la dissoudre, ce sursaut critique des élites charismatiques de l'Université peut en effet réveiller la lucidité publique et brider les passions politiques.

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