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Côte d’Ivoire : en quelle qualité ai-je interpellé Franklin Nyamsi ?

Le contrôle politique de l’espace public ivoirien illustré par le cas Franklin Nyamsi et l’exemple Tiburce Koffi.

Je n’ai pas interpellé Franklin Nyamsi pour régler un différend privé. Je ne l’ai pas non plus interpellé en qualité de collègue pour régler un différend scientifique. Mon conflit avec Franklin n’est ni un conflit privé ni une confrontation philosophique académique indument étalés sur la place publique. Mon conflit avec Franklin Nyamsi est un conflit civique concernant l’espace public. Il a trait à la responsabilité des citoyens envers leur gouvernement. J’ai interpellé Franklin Nyamsi en qualité de citoyen car son comportement mettait en péril l’autorité des Institutions de la République dont dépend la stabilité politique du pays. L’espace de règlement de ce différend n’est ni l’espace privé du foyer familial, ni l’entre-soi privé amicale, ni l’espace théorétique des académies. Le lieu de ce différend civique est l’espace public du débat citoyen relativement au respect des vertus  civiques,  à la défense des institutions de la cité, de l’intérêt général et du Bien commun des membres de la cité. J’ai interpellé Franklin Nyamsi en qualité de citoyen ivoirien, outré par ses propos orduriers contre les Ministres de la République de Côte d’Ivoire. Confondre ces trois espaces différents, espace privé des familles et des amis, espace publique des citoyens, espace académique des scientifiques et des enseignants, c’est errer gravement. Ce mélange des registres est inquiétant.

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La prépondérance de la mémoire universaliste du PDCI, fondement de sa coopération avec le RDR..

Comme je l’avais souligné dans une contribution précédente (cf. Ce qu’est l’houphouëtisme, mémoire historique commune du PDCI et du RDR) la stabilité de politique de la Côte d’Ivoire dépend d’une coopération politique entre un RDR et un PDCI reliés dans la mémoire commune du nationalisme universaliste et modernisateur de l’Houphouëtisme. Cette coopération doit reposer sur la prépondérance du courant universaliste du PDCI. La rationalité politique voudrait cependant que le courant identitaire du parti se réconcilie avec la mémoire de l’Houphouëtisme. Un aggiornamento partisan permettrait de refermer la cicatrice des années 1997 à 2010.   

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Lutte pour le pouvoir en Côte d’Ivoire, lutte pour les contre-pouvoirs au Kenya.

Lutte pour les contre-pouvoirs au Kenya. Lutte pour le pouvoir en Côte d'Ivoire. Ces deux évènements symbolisent et portent à incandescence les deux logiques antinomiques des affrontements politiques qui se déroulent dans les Etats d’Afrique Noire. Leur concomitance en cette année 2017 fait donc sens.

L’élection présidentielle kényane 2017 est marquée par le conflit du pouvoir avec des juges locaux soucieux de protéger l’indépendance de la magistrature et la transparence des urnes. La lutte politique ivoirienne est, au contraire,  marquée par une guerre de succession précocement engagée entre les acteurs politiques ivoiriens pour l’élection présidentielle de 2020.

Si la démocratie se définit par la limitation du pouvoir par les droits de l’homme,  par la représentativité sociale et par la citoyenneté, on peut juger que la démocratie kenyane est sur la voie de son perfectionnement, au regard du renforcement constitutionnel de l’indépendance des juges en 2010 et des actions concrètes posées dans ce sens sur le terrain par les magistrats kenyans comme en témoignent articles de presses et comptes-rendus de reportages. Au contraire, en Côte d’Ivoire, cette même année 2010, la cour constitutionnelle ivoirienne s’inféodait au pouvoir pour conforter le nationalisme identitaire, violer la liberté du choix politique et légitimer le refus de l’alternance du pouvoir.

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Le Juge Kényan David Maraga, un exemple à imiter en Afrique Noire.

« Pour la première fois dans l’histoire de la démocratie africaine, une cour a annulé une élection présidentielle », faisait remarquer l’opposant Kényan Raila Odinga tout en soulignant que le jour de cette décision était « un jour historique pour le peuple Kényan et, par extension, pour les peuples du continent africain ». Il conviendrait donc de consacrer à cet évènement historique le temps qu’il faut, afin de retirer toutes les leçons d’une décision progressiste qui devrait faire jurisprudence en Afrique Noire.

Les dessous de la décision du juge David Maraga et de ses collègues de la Cour suprême du Kenya, (cf « La présidentielle kényane a révélé la mascarade qu’est devenue l’observation électorale en Afrique ». LeMonde. 07-09-2017, soulève dramatiquement la question de la pénurie des individus généraux, des serviteurs impartiaux de la Justice, de l’Intérêt général et du Bien commun dans nos magistratures, nos administrations et nos Etats en Afrique Noire.

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Comment abroger les mutineries militaires et déradicaliser les mouvements sociaux en Côte d’Ivoire ?

Les mutineries, qui viennent d'ébranler la démocratie ivoirienne, menaçant de faire basculer le pays dans la violence, symbolisent le triomphe de la force sur le droit et la négation de l'intérêt général par les intérêts particuliers des plus forts. Elle signifie la mise sous  contrôle de l'Etat par des intérêts  factionnels armés. Cette négation de la légitimité démocratique ouvre la porte à la spoliation de la souveraineté du peuple, à l'accaparement de son pouvoir par des groupes armés. Elle signifie que la force fait le droit et que le pouvoir d'Etat est à la disposition des détenteurs de la force. Elle ouvre donc la porte à l'euthanasie de la démocratie par la dictature.

 Il est, en cela, vital de réaffirmer la prééminence du droit sur la force, de redéposer la puissance militaire sous l’autorité du droit et des valeurs fondatrices de la République et de la démocratie. Il est vital de mettre un terme à la radicalisation des mouvements sociaux par un traitement institutionnel impartial des revendications catégorielles qui réconcilie les intérêts particuliers et l’intérêt général. Il est vital de régénérer éthiquement et moralement la société ivoirienne pour affirmer la primauté de la sauvegarde du Bien commun et de l’unité de la Nation.

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La résistance démocratique de l’Amérique contre Donald Trump : un clin d’œil à l’Afrique.

Le succès de la résistance institutionnelle et judiciaire de l’Amérique, contre le populisme identitaire et contre les pulsions autocratiques de Donald Trump, peut être considéré comme un message adressé aux démocraties du monde entier. Il peut être considéré comme un clin d’œil aux démocrates et aux républicains des nouvelles démocraties africaines menacées par le populisme identitaire et par la dérive autocratique courante de l’exécutif. L’accumulation symbolique des revers subis par le populisme identitaire aux Etats-Unis est une invitation à construire, dans les démocraties, une Constitution qui sauvegarde les libertés personnelles et les droits fondamentaux. C’est un appel à renforcer l’autonomie des systèmes judiciaires, des institutions et des administrations. Contre le péril populiste et identitaire, c’est un appel à raffermir la conviction démocratique et le sentiment républicain des magistrats et des acteurs politiques.

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Afrique: La démocratie n’est pas un combat pour le pouvoir.

Encore animés par le réflexe autocratique et par les représentations despotiques et monarchiques du pouvoir, certains hommes politiques africains continuent de concevoir la démocratie comme un combat pour le pouvoir. Cette représentation dangereuse, grosse de toutes les perversions et de tous les dévoiements qui oblitèrent le progrès de la démocratie en Afrique, doit être récusée. En effet,  la démocratie est fondée sur l’idée que le pouvoir ne peut être accaparé par quiconque.  La démocratie n’est pas un combat pour le pouvoir, parce qu’en démocratie, le pouvoir désigne un lieu vide. L’élection démocratique n’est pas une épreuve de qualification destinée à permettre à un parti et à son chef de s’approprier légalement le pouvoir. Le pouvoir du peuple est inappropriable. Le pouvoir démocratique n’appartient à personne. Il signifie exclusivement le pouvoir pour le plus grand nombre de vivre librement, et pour chacun de construire sa vie de manière autonome en dehors de toute tutelle. Cf « En quel sens la démocratie est-elle le pouvoir du peuple » ? (voir cedea.net 29 décembre 2015  http://www.cedea.net/wp/?p=1104#more-1104.)

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Crise sociale ivoirienne : pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

Pourquoi dans la Côte d’Ivoire démocratique de l’après 2011, une politique économique rationnelle  qui  est en passe de réussir  le pari de la reconstruction nationale a-t-elle pu susciter, au faîte de sa dynamique, une prolifération quasi cancéreuse de contestations sociales et de mutineries militaires? Pourquoi la décision gouvernementale  de bon sens qui accorde la priorité à l’investissement sur la redistribution, pour répondre à l’impératif d’accumulation des ressources comme l’exige la situation  en période de reconstruction des infrastructures, ne suscite pas l’adhésion des acteurs sociaux qui en appellent au contraire à une redistribution immédiate des produits de la croissance ? Pourquoi le choix politique  du gouvernement, consistant à accorder la priorité à l’investissement pour réaliser l’intégration de la nation par l’économie, semble désormais contesté au sein même de son électorat ?

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Crise sociale ivoirienne : l’interprétation de Mr Michel Galy est-elle objective?

Déjouant toutes les prophéties apocalyptiques, la récente crise ivoirienne, exprimée par les mutineries militaires et par la prolifération des mouvements sociaux,  est en train de s’apaiser par la négociation et le compromis social. Elle n’était pas une crise politique motivée par la contestation populaire de la légitimité du gouvernement et par une volonté de révolution. L'objectif des mouvements sociaux qui proliférèrent dans le pays, n’était pas de renverser « un pouvoir Dyoula » et « une mouvance Mandingue » comme le veut  le « politologue » français Michel Galy qui utilise, conformément à son parti-pris identitaire, ces termes caractéristiques de sa lecture idéologique des questions politiques africaines. Elle n’était pas, comme le prétendait ce « spécialiste » de l’Afrique subsaharienne (cf blogs de mediapart : les invites de mediapart : fragile Côte d'Ivoire ), une révolte d’ « autochtones » contre une domination politique et économique supposée d’étrangers. La crise ivoirienne n’était pas animée par une volonté de remplacer le régime démocratique et républicain par un régime communautariste et identitaire dirigé par un gouvernement « d’autochtones ». La crise ivoirienne était une crise sociale motivée par une revendication d’intérêts catégoriels et par une demande populaire légitime de redistribution et de représentativité sociale du gouvernement.

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La finalité des mouvements sociaux n’est pas de contester la démocratie.

En démocratie, les mouvements sociaux ne contestent pas le régime pluraliste. Il importe de distinguer le mouvement social et le mouvement politique et révolutionnaire. L’un est foncièrement différent de l’autre. Ils poursuivent des objectifs divergents. Le mouvement social, par exemple, une grève de fonctionnaires ou de cheminots, défend des intérêts catégoriels, revendique des droits à l’intérieur du régime, appelle à la négociation et est prêt au compromis social. Le mouvement non social politique et révolutionnaire, au contraire, conteste le régime, aspire à le renverser, si possible par la violence, et récuse par conséquent la négociation et le compromis social. La confusion entre ces deux types de mouvements brouille les repères. Elle est courante sous nos latitudes africaines.

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La crise de représentativité sociale des dirigeants politiques dans la démocratie africaine : causes profondes et solutions

Le projet de la démocratie représentative est de défendre les droits fondamentaux de la personne, de protéger les libertés individuelles et collectives, d’améliorer les conditions de vie du plus grand nombre au moyen du régime de la souveraineté du peuple. En Afrique, ce projet  est entravé par la crise de représentativité sociale des partis et des dirigeants politiques et par la résilience de la logique des autocraties. Le libre choix des gouvernants par les peuples et le respect des procédures démocratiques fonctionnent sans réussir à permettre au plus grand nombre de participer aux décisions politiques, sans pouvoir assurer la représentation politique des besoins vitaux des populations et répondre aux demandes sociales de la majorité.

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Populisme identitaire et anticolonialisme démagogique : symptômes de la partitocratie en Afrique.

En Afrique, la démocratie avance résolument. Elle doit cependant réussir à franchir des obstacles redoutables pour ainsi dire mortels. Elle doit surmonter la crise de la  représentativité sociale des partis politiques qui empêche la transformation de l’Etat africain en service des intérêts de la société et en puissance protectrice des droits fondamentaux de la personne. Cette crise ne se manifeste pas seulement par la personnalisation du débat et des affrontements politiques. Elle se traduit aussi par le populisme identitaire et par le discours anticolonialiste démagogique. Ces pathologies politiques se donnent à voir dans les divers épisodes électoraux africains où brillent l’absence des débats d’idées, la déficience de la confrontation des modèles sociétaux, des programmes politiques et économiques. Autant dire que la montée des populismes identitaires, qui revivifie les discours victimaires et les logiques d’extraversion, est pour la démocratie africaine un danger mortel dont il importe de prendre toute la mesure.

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Les leçons de la reddition démocratique du dictateur Yahya Jammeh.

thumb_1929Dans le contexte de la montée des populismes identitaires et de l’illibéralisme démocratique en Afrique et dans le monde, le dictateur Yahya Jammeh s’est pourtant rendu au verdict des urnes, en Gambie. Le pays vient donc de tourner la page de l’autocratie grâce à la décision historique de l’ex-président Yahya Jammeh. Le dictateur gambien qui s’estimait dépositaire du pouvoir suprême, par droit mystique et divin, a cependant accepté de reconnaître humblement sa défaite électorale, par la voie des urnes démocratiques, face à son opposant. Cette décision salutaire, initie un nouveau commencement politique en Gambie. Par son exemplarité, elle pourrait briser la fatalité des logiques confiscatoires qui obèrent l’alternance démocratique du pouvoir en Afrique Noire.

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François Soudan a-t-il raison de justifier « cette Afrique qui vote Lepen » ?

thumb_1911Dans une tribune intitulée «Cette Afrique qui vote Lepen»
(Voir l'article sur Jeune Afrique ), François Soudan rend raison de la motivation profonde des pro-Lepen et des pro-Donald Trump africains. La prise du pouvoir par les partis identitaires occidentaux profiterait  aux Africains car contrairement au passé ces pouvoirs protectionnistes défendraient en Afrique leurs intérêts à visage découvert. Cette transparence aurait  l’avantage d’abroger la duplicité et l’hypocrisie précédente des Etats occidentaux qui abritèrent leur tutelle néo-colonialiste  et la défense de leurs intérêts nationaux  sous le paravent de la défense des droits de l’homme. Cette nouvelle donne, estime François Soudan, permettrait désormais une confrontation sans équivoque des intérêts dans les relations Nord-Sud et instituerait, au bénéfice des Etats africains, une logique du donnant-donnant.

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Réponse à Monsieur Frédéric Saint Clair : le « Trump bashing » est justifié.

thumb_1895Monsieur Frédéric Saint Clair

Dans votre plaidoyer pro-Trump, vous disculpez l’intéressé de toute intention de violer les fondamentaux de la politique démocratique instituée en Occident depuis une tradition qui remonte à Montesquieu. Vous montrez que Donald Trump est « un libéral, brutal et parfois grossier, mais un libéral », qui n’aspire nullement à installer une dictature aux États-Unis parce qu’il révoque, en tant que libéral, l’autorité politique et la puissance étatique. Vous montrez par la suite que son protectionnisme est une opportunité pour les Européens et notamment pour les Français qui devraient, selon vous, voter Donald Trump. Comme vous le dites, « Trump, par sa politique (national-protectionniste, c’est nous qui soulignons) laisse un vide, une opportunité aux nations européennes de rattraper leur retard, c'est-à-dire de recentrer leur positionnement sur l'échiquier international » afin d’influencer le droit des organisations internationales.

Ainsi la politique de Trump serait avantageuse pour les intérêts géostratégiques, politiques et économiques des Européens. En relativisant la brutalité du discours identitaire de Trump, en mettant l’accent sur les opportunités stratégiques qu’ouvre son national-protectionnisme, relativement aux intérêts des nations et des Etats européens, vous avez sûrement raison. Mais avez-vous raison quand vous relativisez la gravité de ses déclarations identitaires, relativement aux intérêts de la démocratie qui est devenue un modèle politique normatif dans le monde?

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